les lichens et les mousses, et qui demeurent là quelques-unes un an, d’autres plusieurs années, d’autres des myriades d’années, mais qui, quand elles périssent, passent comme passe l’Arabe avec sa tente, « pauvres nomades de la vie végétale qui ne laissent pas de souvenirs d’elles-mêmes », et aussi sur les plantes qui bâtissent, édifient sur la terre et plongent bien loin des racines, — les plantes architecturales. Dans ces plantes, sa tendresse s’étend sur les boutons, et la tige qui porte les boutons perdant de son diamètre à chacun d’eux, semblable à la flèche de Dijon ou à la fontaine entourellée d’Ulm ou aux colonnes de Vérone, et à la feuille dont il dit : « Si vous pouvez peindre une feuille, vous pouvez peindre le monde ! » et au tronc des arbres, qu’il appelle « un messager vers les racines », et aux racines elles-mêmes qui « ont au cœur avec les boutons un même désir, qui est pour les uns de croître aussi droit que possible vers le ciel brillant, pour les autres d’aller aussi profondément que possible dans la terre obscure », et il a des larmes encore pour ceux de ces boutons qui n’ont pas éclos, sacrifiés à la beauté de l’ensemble, par une inflexible loi. Et cette tendresse qui s’exhale avec la douce voix de Virgile, après avoir passé sûr le front des forêts qui ondulent au vent, descend jusque sur les feuilles sans mou-
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