Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/155

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qu’elle était en face des mousses de la forêt ou du Paradis du Tintoret :

Être héroïques dans le danger, s’écrie-t-il, en s’adressant aux femmes des officiers anglais, est peu de chose : vous êtes des Anglaises. Être héroïques dans les revers et les changements de la fortune est peu : n’êtes-vous pas des amantes ? Être patientes dans le grand vide et le silence de la perte des êtres aimés est peu : n’aimez-vous pas encore dans le ciel ? Mais être héroïques dans le bonheur ; vous tenir avec gravité et avec droiture dans l’éblouissement du soleil matinal ; ne pas oublier le Dieu auquel vous vous confiez dans le moment où il vous donne le plus ; ne pas manquera ceux qui se confient à vous dans le moment où ils semblent avoir le moins besoin de vous, telle est l’énergie difficile. Ce n’est pas dans la langueur de l’absence, ni dans le péril de la bataille, ni dans la consomption de la maladie que votre prière doit être la plus passionnée ou votre vigilance la plus tendre. Priez, mères et femmes, pour vos jeunes soldats, dans le moment où leur orgueil est en fleur ; priez pour eux lorsque les seuls dangers autour d’eux sont dans leurs propres volontés obstinées ; veillez et priez lorsqu’ils ont à faire face non à la mort, mais à la tentation !

C’est l’amour qui, ayant voilé ce que l’analyse a de trop minutieux, apaise ce que l’ironie du maître a de trop paradoxal. Car le mouvement imprimé à toutes ses pensées vient de l’humour aussi souvent que de l’amour. Il déconcerte par son persiflage comme il soulève par ses coups de lyrisme. Il dis-