Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/166

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qu’elle prend ses exemples en plus de pays et plus de paysages et qu’elle est mieux pénétrée du sens social de l’art, et de ses obscures affinités avec la vie des foules. Et par ces trois côtés, qui sont les plus apparents de son œuvre, l’homme de Brantwood apparaît non comme un écrivain d’hier, mais comme un écrivain d’aujourd’hui et mieux encore de demain. Chaque jour qui s’écoule, comme une feuille qui tombe, laisse voir davantage de son ciel. Parce que notre vie est de plus en plus analyste, voyageuse et inquiète, parce que nous avons de plus en plus d’informations, d’images et de pitié, nous nous sentons plus de sympathie pour sa science, pour son tourisme et sa sociologie. Ceux qui, trompés par ses aspects lakistes et loyalistes, l’appellent « suranné » n’ont compris ni son œuvre ni notre vie.

Sans doute il y a eu de tout temps des analystes de la nature et de l’art, mais ils n’ont pas été servis de tout temps par les outils et les documents de la science ou de la critique historique contemporaines. Il y a eu de tout temps des artistes, mais ils n’eussent pas toujours pu choisir leurs exemples dans tous les musées de l’Europe, aller étudier les teintes de tous les glaciers, tremper leurs pinceaux d’aquarelle dans l’eau de tous les lacs. Il y a eu de tout temps des apôtres et des âmes vibrantes aux