Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/206

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aux petits enfants, vous n’entrerez pas dans l’Esthétique des cieux....

Mais parce qu’elle nous rapproche des esprits simples et ne relève pas de la raison raisonnante, n’allons pas la nier, cette faculté, et surtout n’allons pas la dédaigner ! Car nous dédaignerions le plus beau de tous les dons que nous firent les bonnes fées qui se penchèrent sur le berceau de l’humanité ! Cette faculté esthétique, c’est la faculté humaine par excellence. Si devant l’utilité l’animal délibère, nous ne pouvons affirmer que non, mais devant la beauté l’homme seul tremble, s’émeut. « Ce qu’il peut y avoir en nous de la nature du bœuf ou du porc ne perçoit aucune beauté ni n’en crée aucune. Ce qui est humain en nous peut le créer et le rendre en exacte proportion avec la perfectibilité de son humanité. » L’animal voit, cela est incontestable, et, jusqu’à un certain point, il raisonne : l’homme contemple. La vache dé Potter se mire : l’homme admire. « C’est la faculté humaine, superlativement humaine, qui nous fait aimer des rochers non pour nous, mais pour eux-mêmes », pour leurs lignes sur le ciel bleu profilées. Et s’il y a quelque différence fondamentale entre l’homme et tout ce qu’on dit lui être semblable, ne cherchez pas ailleurs. Si l’on vous dit : Voici une plante fine et svelte, aux courbes infiniment changeantes et aux