Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/208

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s’ils ne sont pas des trésors d’un manuscrit illustré pour l’écolier, de bonnes et simples leçons pour l’ouvrier, de tranquilles retraites, en leurs pâles cloîtres, pour le penseur ». Elle se demandera si l’histoire des sommets de la terre n’est pas intimement liée à l’histoire des sommets de la pensée, si l’on peut justement refuser d’attribuer aux spectacles montagneux quelque part de ce qui donna aux Grecs et aux Italiens leur rôle de conducteurs intellectuels parmi les nations de l’Europe. Elle notera, par exemple, « qu’il n’y a pas un seul coin de terre de chacune de ces deux contrées dont on n’aperçoive pas des montagnes : presque toujours celles-ci forment le trait principal du paysage. Les profils des montagnes de Sparte, Corinthe, Athènes, Rome, Florence, Pise, Vérone sont d’une beauté consommée ; et quelque aversion ou mépris qu’on puisse démêler dans l’esprit des Grecs pour la rudesse des montagnes, le fait qu’ils ont placé le sanctuaire d’Apollon sous les rochers de Delphes et son trône sur le Parnasse est un témoignage qu’ils attribuaient le meilleur de leur inspiration intellectuelle à l’influence des montagnes. »

Peut-être qu’on trouvera aussi dans cette contemplation de certains horizons familiers les sources de plusieurs des grandes idées qui mènent le monde, et par exemple les sources mêmes du