Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/224

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des signes, regarde ce muscle, regarde ce ciel.... Croyez-vous que ce soit inutile ?

« Qui, parmi toute la foule babillarde, pourrait dire une seule des formes et des précipices de la chaîne des grandes montagnes blanches qui environnaient l’horizon hier à midi ? L’un dit que le ciel a été pluvieux, l’autre qu’il a été venteux, l’autre qu’il a été chaud ; mais qui a vu l’étroit rayon qui sortit du sud et qui frappa les sommets de ces montagnes jusqu’à ce qu’ils aient fondu et soient tombés en une poussière de pluie bleue ? »... L’artiste l’a vu. Il nous a retenus devant lui ou tout au moins il l’a retenu devant nous. Car cet homme fait des miracles. « Il commande à la rosée de ne point sécher et à l’arc-en-ciel de ne point fondre.... Il incorpore les choses qui n’ont pas de mesure et immortalise les choses qui n’ont pas de durée. » Il observe la Nature, comme une vigie. Il est l’éveilleur de nos admirations. Les lois qui sont les plus insaisissables, c’est lui qui les démêle ; les joies qui sont les plus vives, c’est lui qui nous les donne ; les esthétiques mystères qui nous relient aux choses d’en haut et d’en bas, c’est lui qui marche à leur découverte. — De plus, c’est lui qui nous montre comment son temps et son pays ont compris ces choses et qui nous en laisse le témoignage le plus sûr. « Les grandes