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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/230

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C’est devant eux, c’est devant les vagues indépendantes et vierges, c’est dans les vallées profondes où les eaux, les herbes, les lueurs, les ombres, les sèves, font tout ce qu’elles veulent, que l’artiste a eu les plus poignantes jouissances de sa vie. « Le pur amour de la Nature a toujours été pour moi restreint à la nature sauvage ; c’est-à-dire à des endroits complètement naturels et spécialement à des campagnes animées par des fleuves ou par la mer. Il y fallait le sens de la liberté, du pouvoir spontané, inviolé de la Nature.... » Tout ce qui s’en approche va vers la beauté, tout ce qui s’en éloigne s’achemine vers la laideur[1].

De cette conception de la Beauté suit naturellement le parti que l’artiste prendra en face de la Nature ; et le parti qu’on prend en face de la Nature, c’est la seule question en Art. Toutes les recherches techniques du peintre maniant ses terres ou ses os concassés et du sculpteur fouillant sa glaise, toutes les gloses philosophiques des

  1. Tant sur ce point que sur tous les autres, l’exposé que nous faisons de la pensée ruskinienne n’est point basé sur un texte isolé, sur une opinion passagère du Maitre, mais sur l’ensemble de son enseignement. Ainsi la thèse ici exposée ressort d’ouvrages appartenant à toutes les périodes de sa vie, aux Modern Painters publiés de 1843 à 1860, aux Seven lamps, 1849, aux Elements of Drawing, 1857, à l’Art of England, 1883, et aux Prœterita, 1885-1889.