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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/245

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lueur d’une torche plantée en pleins viscères.... C’est la science du sépulcre. Qu’en est-il advenu ? Des muscles grossis et raidis, des écorchés, comme sur les tableaux de Mantegna, des découpages d’acier comme sur les gravures de Dürer, des paquets de cordes sous prétexte de tendons et de boules sous prétexte de muscles. « Regardez la Mythologie des vices de Mantegna, au Louvre, cette anatomie révoltante dans toutes les figures de femmes et d’enfants ! Regardez au musée Brera, à Milan, ce raccourci intitulé : un Christ, étude anatomique d’un corps mort, vulgaire, affreux, avec la plante des pieds tournés de face vers le spectateur. C’est une caractéristique de la folie des Pollajuolo, Castagno, Mantegna, Vinci, Michel-Ange, — ces grands artistes qui souillèrent toutes leurs œuvres de cette science damnée. » C’est la Renaissance, dont le grand crime ne fut pas du tout, comme les mystiques l’ont cru, l’indolence et le plaisir, mais la Science ; la Renaissance qui pécha non point du tout par trop d’exubérance de vie et d’amour, mais par trop d’ambition, de sécheresse et d’horreur ! Là où il y a amour, il ne saurait y avoir enquête scientifique ni étalage pédant de découvertes. On ne vivisecte pas ce qu’on aime. Elsa a bien demandé son nom à Lohengrin, mais non pas le nombre de ses muscles peauciers ou la forme de ses apo-