Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/267

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chaud et une autre sous une lumière grise, par un jour froid, quoique les deux aient pu être la lumière du soleil et les deux bien tonalisées, avec leurs ombres relatives, exactement projetées, aucune partie ne ressemblera au jour et elles se détruiront réciproquement. » — Cette clarté, cette netteté d’effet doit régir tous les détails de la facture. Pas de retouches dans la pâte, pas de barbouillage, pas de contours baveux, pas de traînées du pinceau, pas de glissades, ni d’étalements au couteau à palette ! Il faut qu’on tienne ses couleurs sèches et sa palette propre, afin qu’on voie clairement la teinte pure et qu’on ne soit pas enclin au mélange. Turner faisait tout le contraire, il est vrai, et sa palette qu’on conserve à la National Gallery en témoigne éloquemment ; mais, sur ce point, Ruskin le désavoue. Il proscrit au même titre tout médium, les vernis, le bitume et même l’eau. Ainsi, en aquarelle, il interdit les grands délayages et les dessous mouillés. Il parle de l’éponge comme d’un monstre : la tache humide est son cauchemar. Il condamne le papier grenu parce qu’il garde l’eau. C’est un aquarelliste hydrophobe.... Mais pour pâlir les couleurs ? demandera-t-on. Mettez du blanc, enseigne-t-il. Ainsi la peur du barbouillage le conduit à la gouache. Car il n’est pas de ceux qui disent avec admiration : C’est fait avec rien ! Il aime ce qui est fait avec quelque