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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/281

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main du potier, dont l’art est le type le plus humble mais le plus vrai de la formation du corps et de l’esprit de l’homme, et du charpentier qui fut probablement le premier travail du fondateur de notre religion. »

Et, par ce labeur, l’homme grandit. Rien n’est plus utile pour développer les qualités morales de droiture, de patience et de simplicité que l’habitude de lutter avec des matières difficiles et résistantes. « Dans les beaux temps de l’art, les maîtres étaient des artisans ou avaient été formés par eux. Francia était orfèvre ; Ghirlandajo aussi, et il fut le maître de Michel-Ange ; Verrocchio de même, et il fut maître de Léonard ; Ghiberti aussi, et il fit les portes de bronze dont Michel-Ange disait qu’elles pourraient servir de portes au Paradis. Le travail de l’orfèvre est salutaire aux jeunes artistes. D’abord cela donne une grande fermeté de main que d’avoir affaire pendant un certain temps à une substance solide, ensuite cela oblige à de la prudence et à de la constance. Un enfant qu’on aura enseigné avec du papier et du charbon éprouve immédiatement la tentation de barbouiller dessus et de jouer avec, mais il ne peut pas barbouiller avec de l’or et il n’ose pas jouer avec. Enfin cela lui donne une grande délicatesse et précision de touche pour travailler sur des formes très fines. »