Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/289

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dire qu’il était superflu d’entasser tant de livres sous ses pieds, pour ne se hausser les yeux qu’au niveau du mur qui enclôt la terra incognita du Beau. Nous dirons, nous, que ce labeur était nécessaire pour percevoir et pour affirmer qu’en Art il y a une terra incognita, là où de présomptueux géographes risquent, par leurs cartes mal faites, de séduire et d’égarer de crédules voyageurs, — et que d’ailleurs l’homme s’élève peut-être plus encore par le sentiment qu’il a de l’inconnaissable que par la science qu’il croit avoir de l’inconnu. On pourra dire enfin que c’est ici la faillite de l’Esthétique et la condamnation du philosophe qui en a traité. Nous dirons que c’est la marque évidente que ce philosophe était bien un artiste ; et qu’en lui l’artiste était plus grand que le philosophe, puisque le premier apercevait plus de choses, dans ses intuitions enthousiastes, que le second, dans ses déductions savantes, ne parvenait à en expliquer.