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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/288

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Telle est la pensée du Maître qu’on accusa tant de fois de vouloir gouverner la peinture en moraliste et de mettre en versets de la Bible la grammaire des arts du dessin ! Et voici qu’après les recherches les plus minutieuses qu’on ait jamais faites sur les mystères de la composition, après d’aussi profonds coups de sonde qu’en aient jamais donné les Poussin, les Reynolds, les Gérard de Lairesse, les Lessing, les Stendhal, les Töpffer, les Winckelmann, ou les Léonard de Vinci, après bien des erreurs sans doute, mais aussi bien des vues pénétrantes, le grand esthéticien avoue avec mélancolie : « J’ai maintenant établi pour vous toutes les lois de la composition qui me sont apparues, mais il y en a des multitudes d’autres que, dans le présent état de mes connaissances, je ne puis définir, et d’autres que je n’espère pas pouvoir jamais définir, et ce sont les plus importantes, et celles qui sont unies aux plus profonds pouvoirs de l’Art. La meilleure part de toute grande œuvre est toujours inexplicable. C’est bon parce que c’est bon et innocemment gracieux, s’ouvrant comme la verdure de la terre ou tombant comme la rosée du ciel. »

On pourra sourire de cet aveu. On devrait l’admirer plutôt, en songeant au peu de notre raison en face du tout de notre instinct. On pourra