Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/298

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Wandel. Tout était changé.... « Là juste où le jaillissement de l’eau immaculée, tremblante et pure comme un faisceau de lumière entrait dans l’étang de Carshalton en se taillant un chenal lumineux jusqu’au gravier, au travers d’un réseau d’herbes légères comme des plumes toutes flottantes, qu’elle traversait avec ses profonds filets de clarté, comme la calcédoine dans l’agate-mousse et étoilée çà et là de la blanche grenouillette, juste dans l’afflux et le murmure des premiers courants qui s’étalent, les misérables humains de l’endroit jettent les. immondices de la maison et de la rue, des tas de poussière et de boue, des rognures de vieux métal et des chiffons putrides que, n’ayant ni l’énergie d’enlever ni la décence d’enterrer, ils versent ainsi dans le courant pour délayer ce qui flotte ou ce qui fond de leur poison au loin dans tous les endroits où Dieu voulut que ces eaux apportassent la joie et la santé.... Une demi-douzaine d’hommes, travaillant un jour, suffiraient à nettoyer ces étangs, à déblayer le fleuve sur leurs rives et à enrichir d’un baume rafraîchissant chaque souffle d’air estival qui passe au-dessus, à rendre ainsi chaque ondulation scintillante et hygiénique, comme si ce courant troublé seulement par les pieds des anges, venait tout droit de la porte de Bethséda.... Mais cette journée de travail n’est jamais ni ne sera