Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/334

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été soit violemment réprimé (s’il apportait quelque trouble dans la maison), soit scrupuleusement limité aux heures de jeu, — de telle sorte que l’amour de la Nature est devenu l’apanage des vagabonds et des paresseux. En même temps, l’art de dessiner, qui est d’une plus réelle importance pour la race humaine que celui d’écrire — car les gens peuvent difficilement dessiner quelque chose, sans être de quelque utilité aux autres et à eux-mêmes, et peuvent difficilement écrire quelque chose sans perdre leur temps et celui des autres, — cet art du dessin, qui devrait être enseigné aux enfants, comme on leur enseigne l’écriture, l’est fort mal. »

Il faudrait d’abord cultiver chez les enfants la faculté d’admiration. « Si les botanistes ont découvert quelque rapport merveilleux entre les orties et les figues, c’est très intéressant, mais un jeune vacher fera bien mieux d’apprendre quel effet les orties produisent dans le foin, et quel goût elles donnent à la soupe. De plus, il acquerra presque une nouvelle vie, s’il peut parvenir, une fois au printemps, à regarder le bel anneau de la fleur blanche de l’ortie et à reproduire, au crayon, avec son maître d’école, les courbes de ses pétales et la manière dont elle est posée sur sa tige centrale. On devrait dire aux écoliers des écoles primaires :