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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/335

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Dessinez telle ou telle plante avec son contour, avec sa clochette vue de face.... Bien ! maintenant, vue de profil. Peignez les taches qui sont sur elle. Dessinez la tête d’un rouge-gorge, sa poitrine et les taches qui sont sur la poitrine du rouge-gorge. Au lieu de cela, on leur décrit ce qu’a l’oiseau dans l’estomac !... On ne leur fait pas admirer la finesse des nuées et des mousses : on leur raconte ce que font l’air dans les chaudières et les fibres textiles sur les métiers.... Enfin on s’occupe de leur instruction, mais nullement de leur éducation, car donner l’éducation à un enfant, ce n’est nullement lui apprendre quelque chose qu’il ne savait pas, mais faire de lui quelqu’un qu’il n’était pas. Et le commencement de toute éducation est l’admiration, le respect, l’enthousiasme.... Pour quoi ? Pour n’importe quoi. Que l’enfant adore des cailloux ou des légumes, si vous n’avez pas d’autres dieux à proposer à son admiration, mais qu’il apprenne à admirer ! » et surtout qu’il n’apprenne pas l’analyse qui dessèche et la dissection qui tue. Qu’importe qu’il apprenne un peu moins de choses ? Nous ne vivons pas plus pour apprendre que nous ne vivons pour manger ! Nous vivons pour aimer. Tant que la science stimule ou approfondit en nous ce pouvoir, elle est utile. Du jour où elle le contrarie, elle est fatale. — Quoi !