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Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/354

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des cuirasses. Avant toute chose, elle est gaie. Elle ne regarde point ces tableaux de piété où l’on voit des mères pleurant au pied des croix. Si elle a des chagrins, si elle a des larmes, elle les secoue comme une feuille de rose secoue les gouttes de pluie, — et reparaît plus belle. Elle fait le bien, mais ne fait pas de sermons. Ses mains ne sont pas jointes, mais actives. Pas plus qu’une reine ne quitte son royaume, elle ne sort de sa maison. Elle la garde et l’orne, active à l’aurore, lasse le soir. Travailler, aimer, embellir, — et la vie s’écoule. 0uand elle se sera en partie écoulée, on verra sur les traits de la femme cette paix que donne la mémoire des années heureuses et remplies. Alors elle éclairera, tout autour d’elle, les chemins que prennent son mari et ses fils. Dans ses yeux il y aura de la lumière autant que de la flamme, dans son âme il y aura de l’enthousiasme autant que de la pitié. Elle ne se fera point de chagrins chimériques sur ce que la destinée nous refuse, n’attendant m de la vie ce qu’elle ne peut nous donner, ni de la mort ce que personne ne peut nous en promettre. Rien de triste ne passera sur son front délicieux où aucune guimpe ne devra se poser, — rien, sinon peut-être de loin en loin, lorsque cheminant à travers cette Arcadie ruskinienne bordée de montagnes bleues, elle trouvera sous l’olivier quelque