Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/83

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a reflété sa physionomie. Car nul ne fut moins avare d’admiration, ni plus prodigue d’encouragement. Les Modern Painters furent « respectueusement » dédiés non à un prince, non à un grand écrivain, mais « aux paysagistes de l’Angleterre, par leur sincère admirateur ». — « Si vous comparez, dit très bien M. Collingwood, la carrière de Ruskin, comme critique, à celles des Jeffries et des Giffords, vous trouverez que s’il a fait des erreurs, ce furent toujours celles d’encourager trop facilement, jamais de décourager trop vite. » Ce n’est peut-être pas là un titre aux yeux de nos jeunes critiques, fort enclins à rayer d’un trait de plume la somme de toute une vie de travail chez un artiste, mais c’est une leçon pour eux. Si, par hasard, Ruskin se croyait en conscience obligé de maltraiter un artiste dont il estimait le caractère, il le maltraitait, mais en même temps il lui écrivait une lettre particulière pour lui en exprimer ses regrets et lui témoigner l’espérance que « cela ne ferait aucune différence dans leur amitié ». Ce qui lui attira cette réponse d’un de ces artistes : « Cher Ruskin, la première fois que je vous rencontrerai, je vous assommerai, mais j’espère que cela ne fera aucune différence dans notre amitié ».

L’entrain et la naïveté de ses admirations sont proverbiales. À chaque artiste nouveau qu’il étudie,