Page:Ruskin et la religion de la beauté.djvu/86

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tume, de mobilier, ni d’architecture. Il n’a ni sur la tête le grand feutre de William Morris ni à la main le tournesol de Cyril et de Vivian. Il aime que chaque chose soit belle, mais avant tout appropriée à son usage : « N’employez pas des charrues d’or, ni ne reliez des livres de comptes avec de l’émail. Ne battez pas le blé avec des fléaux sculptés ; ne mettez pas de bas-reliefs sur des meules de moulin », dit-il à ses disciples. Il vit dans les meubles d’acajou de ses parents. Lorsqu’il a fait construire le moulin de Saint-Georges, à Laxey, il a songé à ce qu’il fût solide et confortable, pour remplir honnêtement son métier de moulin et n’y a mis aucun ornement. Sa propre habitation de Brantwood est simple, carrée, commode, tapissée de plantes grimpantes, mais sans aucune recherche de style. Rien n’y est de mauvais goût, mais rien n’y est affecté.

Cette simplicité souriante et cette modestie personnelle ont frappé, de tous temps, ceux qui l’ont approché, dans l’intimité. « Je vous dirai, écrit M. James Smetham à un ami — après une visite à Denmark Hill, en 1858 — qu’il a une grande maison avec une loge, un valet de chambre, un valet de pied et un cocher et de grandes salles, resplendissantes de tableaux, principalement des Turner. Son père est un beau vieux gentleman avec un gros toupet de cheveux gris, des sourcils tout hérissés