Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/23

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rait croire que c’est le sentiment de paix qui produit, comme dans le rêve, tout le système de croyances coordonnées qui constitue le corps de la doctrine mystique. Mais c’est là un problème difficile et sur lequel on ne peut espérer que les hommes s’accordent jamais. Quatre problèmes s’élèvent donc, quand se pose la question de la véracité ou de la fausseté du mysticisme, savoir :

I. — Y a-t-il deux modes de connaissance que l’on puisse appeler l’un la raison, l’autre l’intuition ? Et, dans ce cas, y en a-t-il un qu’il faille préférer à l’autre ?

II. — La pluralité et la division, sont-elles toujours illusoires ?

III. — Le temps n’est-il pas réel ?

IV. — Quel degré de réalité appartient au bien et au mal ?

Quoique le mysticisme intégral me semble donner de ces quatre problèmes des solutions erronées, je crois cependant qu’en le restreignant comme il convient, le sentiment mystique peut nous fournir une part de connaissances, à laquelle il semble n’être pas possible d’atteindre autrement. S’il en est ainsi, le mysticisme peut être approuvé en tant qu’attitude à l’égard de la vie, non en tant que système du monde.