Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/51

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qu’il dissèque. Il n’en était pas ainsi dans l’ère pré-scientifique. On étudiait l’astronomie, par exemple, parce qu’on croyait à l’astrologie ; on croyait que les mouvements des planètes influaient d’une façon directe et importante sur la vie des êtres humains. Il est probable que lorsque cette croyance s’affaiblit et que naquit l’étude désintéressée de l’astronomie, beaucoup de ceux qui prenaient à l’astrologie un intérêt puissant déclarèrent l’astronomie de trop peu d’intérêt, en ce qui concerne l’homme, pour être digne d’étude. La physique, telle qu’elle se présente dans le Timée de Platon, par exemple, est chargée de notions morales ; son objet principal est de montrer que la terre est digne d’admiration. Au contraire, le physicien moderne, quoiqu’il n’ait nul désir de nier que la terre soit admirable, ne se soucie pas, en tant que physicien, de ses attributs moraux : sa tâche est de rechercher des faits, et non de juger s’ils sont bons ou mauvais. En psychologie, l’attitude scientifique est encore plus récente et malaisée que dans les sciences physiques : il est naturel de juger la nature humaine bonne ou mauvaise, et d’estimer que la différence entre le bien et le mal, d’une telle importance en pratique, est d’une importance égale en théorie. C’est seulement au cours du siècle dernier que s’est développée une psychologie moralement neutre ; et, là aussi, la neutralité morale a