Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/75

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parce que le postulat n’est pas satisfaisant en lui-même — mais parce qu’en mathématique tout nouveau postulat diminue d’autant la généralité des théorèmes qui en résultent, et que la généralité maximum est à rechercher avant tout.

On a écrit plus de choses sous l’influence des mathémathiques en dehors de leur sphère, que sur leur idéal propre. Leur influence sur la philosophie, dans le passé, a été des plus remarquables mais des plus variées. Au xviie siècle, l’idéalisme et le rationalisme, au xviiie siècle, le matérialisme et le sensualisme paraissent en être également les fruits. Quant à l’influence qu’elles pourront avoir sur l’avenir, il serait peu sage d’en trop dire ; mais, sous un certain rapport, on peut en attendre un bon effet. À cet espèce de scepticisme qui abandonne la poursuite des idéaux parce que la recherche en est difficile et le but incertain, les mathématiques, dans leur domaine propre, sont une réponse parfaite. On dit trop souvent qu’il n’y a pas de vérité absolue, qu’il n’y a que des opinions et des jugements individuels, que chacun de nous est déterminé dans sa conception du monde par ses particularités, ses goûts et ses tendances individuelles ; qu’il n’y a pas de royaume de la vérité extérieure auquel nous pourrions accéder par le travail et la discipline, mais seulement ma vérité, la vôtre, celle de chaque individu