Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/80

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c’est, avant tout, la science qui lui a fourni ses données, la position de ses problèmes, et sa conception de la méthode. Mais son puissant sentiment religieux se révèle dans une grande partie de ses écrits, et ses préoccupations morales lui ont fait apprécier l’idée d’évolution — cette idée qui, aux yeux de toute la génération qui y a cru, devait unir la science et la morale dans une synthèse féconde et indissoluble.

Je crois fermement que les préoccupations morales et religieuses, nonobstant les admirables constructions systématiques qu’elles ont fait naître, ont, en définitive, retardé le progrès de la philosophie, et devraient aujourd’hui être résolument mises à l’écart par tous ceux qui sont à la recherche de la vérité philosophique. À l’origine, la science était chargée de préoccupations du même genre, et ses progrès en étaient retardés. Je soutiens que c’est dans la science, plutôt que dans la morale et dans la religion, que la philosophie doit puiser son inspiration.

Mais il y a deux façons différentes de concevoir une philosophie fondée sur la science. Elle peut, ou bien insister sur les résultats les plus généraux de la science, et chercher à leur donner une généralité et une unité plus grandes encore ; ou bien, elle peut étudier les méthodes de la science et chercher à les appliquer mutatis mutandis à son propre domaine. La plupart des