Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/81

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philosophies inspirées par la science ont été à leur perte en se préoccupant des résultats que l’on supposait, en leur temps, avoir été atteints. Ce ne sont pas les résultats, c’est la méthode que l’on peut, avec profit, transposer du domaine des sciences particulières à celui de la philosophie. Ce que je me propose de vous faire remarquer, c’est la possibilité d’appliquer aux problèmes philosophiques (et l’intérêt qu’il y aurait à le faire) quelques grands principes de méthode qui ont fait leurs preuves dans l’étude des problèmes scientifiques.

L’opposition entre une philosophie guidée par la méthode scientifique et une philosophie que dominent des idées religieuses et morales peut être illustrée par deux conceptions qui jouent un grand rôle dans les œuvres des philosophes, savoir : la conception de l’univers, et les idées de bien et de mal. On prétend exiger d’un philosophe qu’il nous renseigne sur la nature de l’univers dans son ensemble et nous fournisse des preuves à l’appui, soit de l’optimisme, soit de pessimisme. Ces prétentions me paraissent toutes deux insoutenables. Je crois que la conception de « l’univers », comme l’indique son étymologie, n’est qu’un simple vestige de l’astronomie anté-copernicienne ; et que le problème de l’optimisme et du pessimisme est de ceux que le philosophe doit considérer comme en dehors de son domaine, à