Page:Russell - Le Mysticisme et la Logique.djvu/90

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à tout ce qui est possible. La seconde erreur consiste à confondre une quantité constante et une entité persistante. L’énergie est une fonction particulière d’un système physique ; mais ce n’est pas une chose ou une substance qui persiste à travers les modifications du système. Il en est de même de la masse, en dépit du fait que l’on a souvent défini la masse une quantité de matière. Toute cette conception de la quantité impliquant, comme elle le fait, des mesures numériques basées en grande partie sur des conventions est bien plus artificielle et constitue bien plus un organe de commodité mathématique que ne le croient ordinairement ceux qui philosophent sur la physique. Ainsi, même si la persistance d’une entité quelconque était au nombre des postulats nécessaires de la science (ce que je ne saurais admettre un seul instant), ce serait une erreur grossière que d’en inférer la constance d’une quantité physique quelconque, ou la nécessité a priori de toute constance de ce genre que l’on viendrait à découvrir empiriquement. En troisième lieu, il est devenu de plus en plus évident avec les progrès de la physique, que les vastes généralisations, comme la conservation de l’énergie et de la masse, sont loin d’être certaines et ne sont, très probablement, qu’approximatives. La masse, que l’on considérait comme la plus immuable des quantités physiques, à ce qu’on