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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/126

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parce qu’il n’y a pas de cas connu d’hommes vivant au-delà d’un certain âge, et ensuite parce qu’il semble y avoir des raisons physiologiques de penser qu’un organisme tel que le corps d’un homme doit tôt ou tard s’user. Si l’on néglige le second motif et que l’on se contente de considérer notre expérience de la mortalité des hommes, il est évident que nous ne devrions pas nous contenter d’un seul cas bien compris de mort d’un homme, alors que, dans le cas de « deux et deux font quatre », un seul cas suffit, lorsqu’on y réfléchit bien, pour nous persuader qu’il doit en être de même dans tous les autres cas. On peut aussi être forcé d’admettre, après réflexion, qu’il peut y avoir un doute, même léger, sur la question de savoir si tous les hommes sont mortels. Pour s’en convaincre, il suffit d’imaginer deux mondes différents, dans l’un desquels il y a des hommes qui ne sont pas mortels, tandis que dans l’autre, deux et deux font cinq. Lorsque Swift nous invite à considérer la race des Struldbugs qui ne meurent jamais, nous sommes en mesure d’acquiescer dans notre imagination. Mais un monde où deux et deux font cinq nous semble d’un tout autre niveau. Nous avons le sentiment qu’un tel monde, s’il