Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/18

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de la table, nous voulons seulement signifier la sorte de couleur qu’elle semblera avoir pour un spectateur normal, d’un point de vue ordinaire, dans des conditions habituelles d’éclairage. Mais les autres couleurs qui apparaissent dans d’autres conditions ont tout autant le droit d’être considérées comme réelles ; et donc, pour éviter le favoritisme, nous sommes obligés de nier que la table, en soi, a une quelconque couleur particulière.

Le même raisonnement s’applique à la texture. A l’œil nu, on peut voir le grain, mais autrement la table paraît lisse et régulière. Si nous la regardions avec un microscope, nous pourrions voir des aspérités, des collines et des vallées, et toutes sortes de différences qui sont imperceptibles à l’œil nu. Lesquelles de ces dernières sont la « vraie » table ? Nous sommes naturellement tentés de dire que ce que nous voyons au microscope est plus réel, mais cela, à son tour, peut être changé par un microscope plus puissant. Si, donc, nous ne pouvons pas faire confiance à ce que nous voyons à l’œil nu, pourquoi devrions-nous faire confiance à ce que nous voyons avec un microscope ? Ainsi, de nouveau, la