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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/219

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qui appartient aux jugements en première instance, et qui n’est pas dérivée de la perception directe d’un fait en tant qu’ensemble unique et complexe. Ce deuxième type d’évidence aura des degrés, depuis le degré le plus élevé jusqu’à une simple inclination en faveur de la croyance. Prenons, par exemple, le cas d’un cheval qui s’éloigne de nous au trot sur une route dure. Au début, nous sommes tout à fait sûrs d’entendre les sabots ; peu à peu, si nous écoutons attentivement, il arrive un moment où nous pensons qu’il s’agit peut-être de notre imagination, d’un volet à l’étage ou de nos propres battements de cœur ; enfin, nous doutons qu’il y ait eu le moindre bruit ; puis nous pensons que nous n’entendons plus rien, et enfin, nous savons que nous n’entendons plus rien. Dans ce processus, il y a une gradation continue de l’évidence, du plus haut degré au plus bas, non pas dans les données sensorielles elles-mêmes, mais dans les jugements fondés sur elles.

Ou encore : Supposons que nous comparions deux nuances de couleur, l’une bleue et l’autre verte. Nous pouvons être tout à fait sûrs qu’il s’agit de deux nuances de couleur différentes ; mais si la couleur verte est progressivement