Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/25

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esprit — pas nécessairement l’esprit de Dieu, mais plus souvent par tout l’ensemble de l’esprit collectif de l’univers. Ils le soutiennent, comme Berkeley, principalement parce qu’ils pensent qu’il ne peut y avoir rien de réel — ou en tout cas rien de connu comme réel excepté des esprits et leurs pensées et sentiments. Nous pourrions énoncer l’argument par lequel ils soutiennent leur avis d’une certaine manière telle que : « Tout ce qui peut être pensé est une idée dans l’esprit de la personne qui y pense ; donc rien ne peut être pensé excepté des idées dans les esprits ; rien d’autre n’est donc concevable, et ce qui est inconcevable ne peut exister. »

Un tel argument, à mon avis, est fallacieux ; et, naturellement, ceux qui l’avancent ne le formulent pas si brièvement et si sommairement. Mais, qu’il soit valable ou pas, l’argument a été très largement avancé sous une forme ou une autre ; et un grand nombre de philosophes, peut-être une majorité, ont soutenu qu’il n’y a rien de réel excepté des esprits et leurs idées. De tels philosophes sont appelés « idéalistes » . Quand ils en viennent à expliquer la matière, soit ils disent,