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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/64

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pas devenir un motif d’objection à son opinion.

Les fondements sur lesquels l’idéalisme est défendu sont généralement des fondements dérivés de la théorie de la connaissance, c’est-à-dire d’une discussion des conditions auxquelles les choses doivent satisfaire pour que nous puissions les connaître. La première tentative sérieuse d’établir l’idéalisme sur de telles fondements fut celle de l’évêque Berkeley. Il prouva d’abord, par des arguments en grande partie valides, que nos données sensorielles ne peuvent être supposées avoir une existence indépendante de nous, mais doivent être, au moins en partie, « dans » l’esprit, en ce sens que leur existence ne se poursuivrait pas s’il n’y avait pas de vision, d’audition, de toucher, d’odorat ou de goût. Jusque là, son affirmation était presque certainement valide, même si certains de ses arguments ne l’étaient pas. Mais il poursuit en arguant que les données sensorielles sont les seules choses dont nos perceptions peuvent nous assurer l’existence, et qu’être connu, c’est être « dans » un esprit, et donc être mental. Il en conclut que rien ne peut être connu excepté ce qui se trouve dans un esprit, et que tout ce qui est connu