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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/69

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Si l’on prend le mot « idée » au sens de Berkeley, il y a deux choses bien distinctes à considérer lorsqu’une idée se présente à l’esprit. Il y a d’une part la chose dont nous sommes conscients, par exemple la couleur de ma table, et d’autre part la conscience elle-même, l’acte mental d’appréhender la chose. L’acte mental est indubitablement mental, mais y a-t-il une raison de supposer que la chose appréhendée est en quelque sorte mentale ? Nos arguments précédents concernant la couleur n’ont pas prouvé qu’elle était mentale ; ils ont seulement prouvé que son existence dépendait de la relation entre nos organes sensoriels et l’objet physique dans notre cas, la table. Autrement dit, ils ont prouvé qu’une certaine couleur existera, sous une certaine lumière, si un œil normal est placé à un certain endroit par rapport à la table. Ils n’ont pas prouvé que la couleur est dans l’esprit du percipient.

Le point de vue de Berkeley, selon lequel il est évident que la couleur doit être dans l’esprit, semble dépendre, pour sa plausibilité, de la confusion entre la chose appréhendée et l’acte d’appréhension. L’un