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Page:Russell - The Problems of Philosophy, 1912.djvu/81

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d’en être conscients. Lorsque je vois le Soleil, je suis souvent conscient de voir le Soleil ; ainsi « ma vue du Soleil » est un objet avec lequel j’ai une accointance. Lorsque je désire manger, je peux être conscient de mon désir de manger ; ainsi « mon désir de manger » est un objet avec lequel j’ai une accointance. De même, nous pouvons être conscients du plaisir ou de la douleur que nous ressentons, et plus généralement des événements qui se produisent dans notre esprit. Cette sorte d’accointance, que l’on peut appeler conscience de soi, est la source de toute notre connaissance des choses mentales. Il est évident que seul ce qui se passe dans notre propre esprit peut être ainsi connu immédiatement. Ce qui se passe dans l’esprit des autres nous est connu par la perception de leur corps, c’est-à-dire par les données sensorielles en nous qui sont associées à leur corps. Sans notre accointance avec le contenu de notre propre esprit, nous serions incapables d’imaginer l’esprit des autres, et nous ne pourrions donc jamais parvenir à la connaissance qu’ils ont un esprit. Il semble naturel de supposer que la conscience de soi est l’une des choses qui distinguent les hommes des animaux : les animaux, nous