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GUILLAUME DE SAINT-AMOUR.

Il s’acordèrent à la pès,
Sanz commencier guerre jamès[1] :
Ce fu fiancié à tenir
Et scelé por souvenir.

Mestre Guillaume au roi vint,
Là où des gens ot plus de .xx.
Si dist : « Sire, nous sons en mise
Par le dit[2] et par la devise
Que li prélat deviseront :
Ne sai se cil la briseront. »
Li rois jura : « En non de mi !
Il m’auront tout à anemi
S’ils la brisent ; sachiez sans faille :
Je n’ai cure de lor bataille ! »
Li mestres parti du palais,
Où assez ot et clers et lais,
Sanz ce que puis ne mefféist,
Ne la pais pas ne defféist :
Si l’escilla sanz plus véoir.
Doit cis escillemenz séoir ?
Nenil, qui à droit jugeroit,

  1. Ceci est une allusion (voyez la note sur Guillaume de Saint-Amour) à l’accord que firent en 1256 l’Université et les ordres, par l’entremise des prélats, dans un concile tenu à Paris et présidé par l’archevêque de Sens. Dans ce concile on nomma pour arbitres quatre archevêques, savoir : Philippe de Bourges, Thomas de Reims, Henri de Sens, Eudes de Rouen. La sentence qu’ils portèrent sembla satisfaire tout le monde, excepté le pape, qui la cassa par trois bulles données coup sur coup, sans même prendre soin de la faire examiner.
  2. Ms. 7615, Var. Par l’acort. — On ne trouve nulle part, dans les chroniqueurs contemporains, mention de ces faits minutieux ; mais la visite de Guillaume de Saint-Amour au Roi, ses paroles à ce prince et celles que lui répondit Louis XI n’ont rien que de vraisemblable.