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GUILLAUME DE SAINT-AMOUR.

Qui droiture et s’âme ameroit.

S’or fesoit li rois une chose
Que mestre Guillaume propose
A fère, voir ce que il conte,
Que l’oïssent et roi et conte,
Et prince et prélat tout ensamble[1],
S’il dit riens que vérité samble,
Se l’ face l’en, ou autrement
Mainte âme ira à dampnement ;
S’il dit chose qui face à tère,
A enmurer ou à desfère,
Mestre Guillaume du tout s’offre
Et otrie s’il ne se sueffre.

Ne dites pas que ce requière
Por venir el roiaume arrière[2] ;
Mès s’il dit riens qu’aus âmes vaille,
Quant il aura dist si s’en aille ;
Et vous aiez sor sa requeste
Conscience pure et honeste.
Et vous tuit qui le dit oez,
Quant Diex se monsterra cloez
Que c’ert au jor du grant juise,

  1. C’est peut-être pour éviter de voir accepter des propositions semblables, que Guillaume faisait probablement par écrit du fond de son exil, que le pape défendit, sous peine d’excommunication, qu’on reçût des lettres de ce docteur ou qu’on lui en adressât. (Voyez la note sur Guillaume de Saint-Amour.)
  2. Guillaume était alors retiré dans sa ville natale de Saint-Amour, en Franche-Comté, province qui ne faisait point alors partie du royaume de France, mais qui avait ses comtes particuliers relevant de l’empire. (Voyez, à la fin du volume, note K.)