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LA COMPLAINTE D’OUTRE-MER.

Par la paine et par le martire
Que li cors souffrirent sor terre.
Vez ci le tems ; Diex vous vient querre,
Braz estenduz de son sanc tains,
Par qui li feus vous ert destains[1]
Et d’enfer et de purgatoire !
Recommenciez novele estoire :
Servez Dieu de fin cuer entier,
Quar Diex vous monstre le sentier
De son païs et de sa marche,
Que l’en, sanz raison, li sormarche[2].
Por ce si devriiez entendre
A revengier et à deffendre
La terre de promission
Qui est en tribulacion,
Et perdue, se Diex n’en pensse,
Se prochainement n’a deffensse.
Soviegne-vous de Dieu le Père
Qui por souffrir la mort amère
Envoia en terre son Fil ;
Or est la terre en grant péril
Là où il fu et mors et vis.
Je ne sai que plus vous devis :
Qui n’aidera en ceste empointe,
Qui ci fera le mésacointe,
Poi priserai tout l’autre afère,
Tant sache le papelart fère ;
Ainz dirai mès et jor et nuit :
« N’est pas tout or quanqu’il reluit. »

  1. Ms. 7615. Var. Nos est estains.
  2. Ms. 7615. Var. Démarche.