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LA COMPLAINTE D’OUTRE-MER.

Ahi ! prélat de sainte Yglise,
Qui por garder les cors de bise
Ne volez aler aus matines,
Mesires Giefrois de Surgines[1]
Vous demande de là la mer ;
Mès je di cil fet à blasmer
Qui riens nule plus vous demande
Fors bons vins et bone viande
Et que li poivres soit bien fors !…
C’est vostre guerre et voz effors ;
C’est vostre Diex, c’est vostre biens :
Vostre père i tret le fiens.
Rustebues dist, qui riens ne çoile,
Qu’assez aurez d’un pou de toile[2],
Se les pances ne sont trop grasses ;
Et que feront les ames lasses ?
Els iront là ou dire n’ose :
Diex ert juges de ceste chose.
Quar envoiez le redéisme[3]
A Jhésu-Crist du sien méisme :
Se li fetes tant de bonté,
Puis qu’il vous a si haut monté.

Ahi ! grant cler, grant provandier,
Qui tant estes grant viandier,
Qui fetes Dieu de vostre pance,
Dites-moi par quel acointance
Vous partirez au Dieu roiaume,

  1. Ms. 7633. Var. Joffrois de Surgines.
  2. C’est-à-dire : d’un étroit linceul.
  3. Redéisme, rachat ; le dixième du dixième. — Ce vers et les trois suivants manquent au Ms. 7633.