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LES ORDRES DE PARIS.

Puéent avoir le Dieu acorde,
Buer sont de la corde encordé[1].
La Dame de miséricorde,
Ce dient-il, à eus s’acorde,
Dont jà ne seront descordé ;
Mais l’en m’a dit et recordé
Que tés montre au disne cors Dé
Semblant d’amour qui s’en descorde :
N’a pas granment que concordé
Fu par un d’aux et acordei
Un livre dont je me descorde[2].

L’ordre des Sas est povre et nue,
Et si parest si tart venue
Qu’à envis seront soustenu[3].

  1. Le cordon de saint François, fondateur des Cordeliers, est devenu proverbial.
  2. Allusion à l’Évangile éternel, qui avait été prêché publiquement par les Cordeliers et qu’on attribuait à Jean de Parme, leur général. (Voyez La Complainte de Constantinoble, et la note P, à la fin du volume.) Jean de Parme, afin d’éviter le scandale qui aurait flétri son ordre, lors de la condamnation du livre (ce qui fait croire qu’il en pourrait bien être l’auteur) fut obligé de se défaire de son généralat. Luc Wading, dans ses Annales de l’ordre des Franciscains, a cherché à le disculper du premier de ces faits en disant que l’auteur de l’Évangile éternel était un Jean de Parme autre que le général de l’ordre ; mais cette raison est d’autant moins convaincante qu’il n’allègue aucune preuve en sa faveur.
  3. L’ordre des Sacs, ou des Frères-Sachets, en latin ordo Saccorum, Fratres de Sacco, Saccati, etc., fut établi à Paris par saint Louis, en 1261, dans la paroisse Saint-André-des-Arcs. Ce prince donna même au curé de cette paroisse, pour le dédommager des droits qu’il perdit en accordant aux Frères le droit d’avoir une église, 66 sous parisis de rente sur la prévôté. L’origine de cet ordre est fort obscur ; mais ce qui prouve qu’il ne remontait pas bien haut, c’est que Mathieu Paris, à l’année 1257, en parle comme d’un ordre de nouvelle création et jusque-là inconnu en Angleterre. (Ignotus et non prœvisus.) Le moustier des Frères aux Sas,