Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/240

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De Brichemer,
ou

C’EST DE BRICHEMER
[1].


Mss. 7218, 7615.
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Rimer m’estuet de Brichemer[2]

  1. Legrand d’Aussy a donné le texte de cette pièce au tome V des Notices des manuscrits, pages 412-414, en l’accompagnant des réflexions suivantes :

    « Cette notice (Legrand aurait dû dire cette pièce), purement littéraire, n’a rien d’historique ; je la donne comme un monument de notre ancienne poésie, et spécialement comme un indice certain du progrès qu’avait déjà fait l’art de la rime vers le milieu du 13e siècle.

    J’ai dit ailleurs (Fabliaux, discours prélim., 2e  édit., page 108), en parlant du mélange régulier des rimes masculines et féminines, que nos modernes avaient tort d’en attribuer l’usage aux poëtes du 16e siècle, et de regarder ces écrivains comme les premiers qui en eussent donné l’exemple et fait une règle ; j’ai dit, et je l’ai prouvé par des citations, que plus de trois siècles auparavant nos vieux rimeurs le connaissaient, et qu’ils l’employaient même souvent, quoiqu’il ne fût point encore établi en loi.

    Le Brichemer de Rutebeuf va en offrir une preuve nouvelle : il est composé de trois stances, chacune de huit vers sur deux rimes, masculine et féminine, redoublées et croisées.

    L’épître elle-même n’est point sans talent : on y trouvera un badinage assez léger pour son temps, de l’harmonie dans la versification, de la finesse et de la gaîté dans la raillerie, et même un mérite qu’on ne s’attend pas à y trouver, celui de la grâce et du bon ton. Elle peut donner une idée des poésies fugitives d’alors. »

  2. Je ne sais si Brichemer est le nom d’un individu existant à l’époque de Rutebeuf, et son débiteur (ce qui est peu probable ; il aurait été plutôt son créancier), ou un nom supposé comme les poëtes en emploient souvent dans leurs épigrammes, ou enfin un nom allégorique sous lequel on