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DE LA VIE DOU MONDE.
La parole David est bien entr’oublie[1],
Qui dist : « Rendés-vos veus, ne les trepassés mie. »
Chanone séculer mainnent très bone vie :
Chacuns a son hostel, son leu et sa mainie,
Et s’en i a de tex qui ont grant signorie,
Qui poi font por amis et assés por amie.
En l’orde des canoines qu’on dist Saint-Augustin,
Ils vivent à plenté, sans noise et sans hustin.
Je lo qui leur[2] soviègne au soir et au matin
Que la chars bien[3] nourie porte à l’âme venin.
En l’ordre des noirs moines sont à ço[4] atorné[5].
- ↑ Ms. 198. N.-D. Var. Est bien de Dieu entrelessiée.
- ↑ Ms. 7633. Var. De Jhésu lor.
- ↑ Ms. 7633. Var. Soeif.
- ↑ Ms. 7633. Var. Aceiz.
- ↑ Les noirs moines étaient, comme nous l’avons déjà dit, les Bénédictins. — J’ai trouvé sur eux dans le Ms. 65, fonds de Cangé, fol. 133, la chanson suivante, que j’attribue à Estienne de Miaus parce qu’il est nommé dans une de celles qui précèdent immédiatement :
Trop par est cist mondes cruaus,
Poi i a bien, n’en qier mentir.
Chascuns entent à fer maus,
A qui q’on le veut consentir.
Por ce vont-il ès parfon et gaus
En enfer le puant ostaus ;
Mainte doleur i convendra souffrir :
Adonc vendra à tort le repentir.
Cil noirs moines, qui Dex doint maus
Refont auques à leur plesir ;
Trop par ont souvent généraus
De diverses chars, sanz mentir.
Les vins ont blans comme cristaus ;
A guersoi * boivent par igaus ;
N’entendent pas fors à la char norrir
Que l’on metra en la terre porrir.
* Voyez, pour cette expression, la note 3, page 93.