Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/322

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Cil Guillaumes dont je vos conte,
Qui est à monseigneur le conte
De Poitiers, chassoit l’autre jour[1]
I. lièvre qui ert à séjour.
Mult durement se desrouta ;
Li lièvres, qui les chiens douta,
Asseiz foï et longuement,
Et cil le chassa durement ;
Asseiz corut, asseiz ala,
Asseiz guenchi et sà et là,
Mais en la fin, vos di-ge bien
Qu’à force le prirent li chien.
Pris fu sire coars li lièvres ;
Mais li roncins en ot les fièvres,
Et sachiez que mais ne les tremble,
Escorchiez en fu, ce me cemble.
Or pot cil son roncin ploreir
Et mettre la pel essoreir ;
La pel, se Diex me doint salu,
Coûta plus qu’ele ne valu.
Or laisserons esteir la pel,
Qu’il la garda et bien et bel
Jusqu’à ce tens que vos orroiz,
Dont de l’oïr vos esjorroiz.


    qui le portait était réellement panetier du comte de Poitiers ; mais nous n’avons aucun moyen de vérifier ce fait. Tout ce qui peut ressortir de notre pièce c’est que Rutebeuf, qui était favorisé par le frère de saint Louis, avait probablement essuyé de son panetier quelque avanie ou quelque refus. Sans cela l’eût-il fait le héros d’une histoire aussi ridicule ?

  1. Ce vers et le précédent, en faisant entendre que le comte de Poitiers existait encore lorsque Rutebeuf écrivait, placent la date de notre pièce avant 1270, époque de la mort d’Alphonse.