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NOTES

Mais il ne m’ert ja reprochié
Que tel chetif fière ne bate :
Quar trop petit d’ennor achate
Qui sur tel chetif met sa main ;
Mais se tu ne voies demain
Entre nos qui somes de feste[1]
Tu te plaindroies de la geste.

Or t’en va, beax amis, va-t’en,
Esté avons en autre anten.
Fui de ci, si feras que saiges,
Ou tu auras parmi les naiges[2]
D’une grosse aguille d’acier.
Nos ne t’en volons pas chacier
Vilenement ; par nostre honte,
Nos savons bien que henor monte.

LA RESPONSE DE L’UN DES DEUX RIBAUZ.

Tu m’as bien dit tot ton voloir :
Or te ferai apercevoir
Que ge sai plus de toi assez
Et si fu mieldres menestrez.
De toi moult me vois merveillant,
Ne l’ dirai pas en conseillant ;
Ainz veuil moult bien que chacun l’oie :
Se Diex me doing henor et joie,
De tex menesterex bordons
A qui en done moult beax dons
A hautes cort menuement
Qui bien sordit et qui bien ment,
Cil est cires des chevaliers,
As cointereax, as mal parliers :
Plus donnent-ils as menteors
Qu’ils ne font as bons troveors,
Qui contruevent ce que il dient,
Et qui de nului ne mesdient;

  1. Cette pièce, si elle n’est pas purement et simplement une facétie, pourrait bien être un de ces défis que devaient se porter des jongleurs rivaux afin de se faire mutuellement exclure des fêtes.
  2. Naiges, naches, fesses.