Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/370

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
338
NOTES

Quar onques n’i ot cop féru.
Ge connois monseignor Begu,
Qui porte un escu à breteles
Et sa lance de ij ateles,
Au tournoiement, à la haie :
C’est li hons du mont qui mielz paie
Menesterex à haute feste.
Si connois Renaut Brise-Teste.
Qui porte un chat en son escu,
Cil a en maint tornoi vaincu ;
Et monseignor Giefroi du Maine,
Qui tosjors pleure au Diemaine,
Et monseignor Gibot Cabot,
Et monseignor Augis Rabot,
Et monseignor Augier Poupée
Qui à un seul coup de s’espée
Coupe bien à un chat l’oreille.
A toz vos sanbleroit merveille
Se ceus voloie raconter
Que ge conois dusqu’à la mer.

Ge sai plus de toi quatre tanz :
Ge connoi toz les bons serjanz,
Les bons chanpions affaitiez ;
Si en doi estre plus proisiez.
Ge connois Hebert Tue-Buef,
Qui à un seul coup brise un huef ;
Arrache-Cuer et Runge-Foie,
Qui ne doute home que il voie,
Et Heroart et Dent-de-Fer,
Et Hurtaut et Thierri d’Enfer,
Abat-Paroi, fort pautonier,
Et Jocelin torne-mortier,
Et Ysenbart le mau-réglé,
Et Espaulart, le fils Raiché,
Et Qauquelin Abat-Paroi,
Et Brise-Barre et Godefroi,
Et Osoart et Tranche-Funde[1],

  1. Il est probable que la plupart des surnoms qui précèdent étaient pris par les jongleurs, bien qu’il ne nous soit parvenu aucune des œuvres de ceux qui les portaient. Ce qui semble confirmer cette opinion c’est que nous avons d’un certain Brise-Barre, qui pourrait très-bien être le même que celui dont il est ici question, un roman du Restour du Paon. (Voyez Ms. f. de La Vallière, in-4, n. 2704 et n. 2703, anc. f. in-fol.)