Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/378

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Auguste et médecin, que l’on trouvait à Paris les secours nécessaires pour s’instruire parfaitement dans l’art de guérir. Or, comme Rigord écrivait vers 1200, on peut conjecturer que la médecine s’était établie à Paris depuis 1160. Cette induction est d’ailleurs confirmée par le témoignage de Gille de Corbeil, autre médecin de Phiiippe-Anguste, qui, dans la préface de son traité en vers sur les vertus des médicaments, dit qu’il est convenable que les muses parisiennes chantent la médecine, puisqu’elle s’est choisi un domicile qui lui est commun avec elles et la dialectique. Enfin nous apprenons de Rigord qu’au temps où Geoffroy, duc de Bretagne et fils de Henri II, roi d’Angleterre, mourut à Paris, c’est-à-dire vers 1186, il y avait dans cette ville un grand nombre de médecins. On en avait bien eu auparavant quelques-uns fort célèbres pour leur époque, tels que Pierre Molandin, qui composa quelques écrits sur son art ; Hugues, mort en 1199, et que son épitaphe qualifait d’excellent physicien ; Robert, qui vécut sous Louis-le-Jeune, fut attaché à Suger, et mourut avant 1150 ; enfin Obizon, médecin de Louis-le-Gros, qui se fit moine ; mais on ne voit point qu’ils aient donné des leçons de leur art.

Dans le courant du 13e siècle l’enseignement de la médecine prit à Paris une grande extension, puisqu’on voit ceux qui l’exerçaient se réunir, délibérer, et enfin porter en 1270 des décrets contre les fraudes employées pour acquérir la licence ou la maîtrise ; ce qui suppose qu’il y avait empressement à obtenir le droit de pratiquer.

J’ajouterai que dans l’origine, c’est-à-dire aussi longtemps que la Faculté de médecine ne fut point définitivement constituée en corps, ses assemblées générales se tinrent supra cuppam Nosfræ-Damæ, près le bénitier. Les leçons, examens et actes avaient lieu chez les docteurs ou chez le président de la thèse, quelquefois même chez celui qui la passait. On distingua sous saint Louis, dans la médecine, Robert de Douay, qui, avec Roger de Provins et Dudes ou Dudon, suivit le roi dans ses expéditions. Le premier était en grande réputation vers 1250, et contribua