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NOTES

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NOTE E.


(Voyez page 45, note 3.)


Puisque j’ai nommé Marie de Brabant, je profiterai de cette occasion pour signaler une chose fort curieuse à laquelle personne, que je sache, n’a fait attention jusqu’ici, et qui m’avait toujours échappé à moi-meme, quelques efforts que j’eusse tentés pour en trouver la solution.

Voici les faits :

On sait que le Roi Adenez, ou Adans li Roi, auteur d’Ogier-le-Danois, de Berthe aux grands pieds, de Buevon de Commarchis, composa aussi le roman de Cléomades. Dans ce livre Adenez dit que deux dames qu’il ne veut nommer que couvertement, car il mourrait de faire quelque chose qui ne leur fût agréable, lui commandèrent d’écouter l’histoire de Cléomades et de la mettre en vers. C’est ce qui a fait penser qu’elles avaient pris part à la composition de ce roman ; mais comment se nommaient ces deux collaborateurs féminins ? On a répété, sans s’appuyer sur aucun fondement positif, que l’un d’eux était la reine Marie de Brabant, et l’autre Blanche d’Artois, sa cousine. J’eus beau, pour m’en assurer, m’y prendre de plusieurs façons et torturer les propres paroles d’Adenez, le malin poëte avait parlé si couvertement que d’abord je ne pus rien découvrir.

Cependant une lueur d’espérance me vint. Dès le début de son livre Adenez écrit :

La fin de cest livre cerchiez
Se vous les noms trouver quidiez
Des dames dont m’oez parler :
Là sont, là les covient trouver,
Là les quérez se vous voulez.

Je suivis ce conseil, et, après avoir lu et relu la fin de Cléomades, je m’arrêtai à l’opinion générale par la raison qu’Adenez, dans la dernière partie de son ouvrage, célèbre