Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/393

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de suppléer à ce silence en tirant des écrivains contemporains et du Trésor des chartes tous les renseignements que nous avons pu rencontrer. Le rapprochement de ces documents épars jusqu’ici formera une espèce d’ensemble qui pourra donner un aperçu de la vie de ce personnage. Nous savons d’abord qu’Erard de Valéry accompagna saint Louis à sa première expédition en Terre-Sainte. Joinville rapporte que dans un des combats partiels qui précédèrent la prise du roi Erard venait d’être fait prisonnier par les Turcs, qui déjà l’emmenaient, lorsqu’il fut rescous si à propos et avec tant de vaillance et d’impétuosité par son frère que les Sarrasins furent forcés de le relâcher. Une circonstance curieuse même, c’est que le chroniqueur ne parle d’Erard dans tout le cours de son livre qu’une seule fois, qui est celle-ci, tandis qu’au contraire il cite fréquemment le nom de Jean, dont il fait beaucoup d’éloges et qu’il regarde comme un vaillant chevalier. Il est cependant probable que les deux frères devaient marcher sur la même ligne en expérience et en hardiesse.

On peut conjecturer qu’Erard revint de la Terre-Sainte avec le roi, mais nous ne trouvons aucune mention de lui jusqu’en 1255, époque à laquelle nous le voyons vendre à l’abbé des Eschalis le bois que le comte de Joigny lui avait autrefois donné, et qu’on appelait la Couche du comte. La même année, au rapport de Guillaume de Nangis, Erard, ayant follement accompagné en Hollande le comte de Flandre et ses frères, fut, ainsi que tous ceux qui l’avaient suivi, privé de sa liberté par le comte Florent. Grâce aux bons offices de Charles d’Anjou, qui consentit à donner pour la rançon des prisonniers une somme d’argent assez considérable et à céder Valenciennes, plus le comté de Hainaut, la captivité d’Erard ne dura que quelques mois, toutefois il fallut encore, pour arriver à ce résultat, que le comte de Flandre promît d’épouser la sœur du comte Florent.

Le 17 septembre 1262 Erard assista à Bordeaux à la cession qu’Amonjeu, sire d’Albret, fit au roi d’Angleterre de tous les droits qu’il avait sur le château de Millau. L’année