Page:Rutebeuf - Oeuvres complètes, recueillies par Jubinal, tome I, 1839.djvu/394

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suivante il fut aussi présent au transport que Garcie Arnaud de Navailles fit, pour le roi d’Angleterre, au sénéchal de Gascogne, de la terre de Guigne.

En 1265 il se rendit de nouveau en Terre-Sainte, ainsi que le prouve ce passage des continuateurs de Guillaume de Tyr : « A M. CCLXV. vindrent en Acre li cuens de Nevers et Erart de Valérie, et Erart de Nantuel, et bien .L. chevaliers. » L’année suivante il y emprunta au mois de juillet, au nom du roi saint Louis, conjointement avec Guillaume, patriarche de Jérusalem, légat du saint-siège, et Geoffroy de Sargines, la somme de 2, 400 livres, pour retenir les chevaliers d’Acre qui, faute de payement, menaçaient de partir. (Voyez au Trésor des chartes, carton J. 208, les lettres par lesquelles il reconnaît avoir emprunté et reçu cette somme de certains marchands de Sienne.)

Ayant quitté la Terre-Sainte en 1208, au lieu de retourner directement en France il alla aborder en Italie, où il aida puissamment Charles d’Anjou à vaincre Frédéric et Conradin, jeunes princes dignes d’un sort moins cruel que celui qu’ils subirent, et dont le supplice, qu’on a tant et si justement reproché au frère de saint Louis, coupa à la fois dans leurs dernières racines deux des arbres généalogiques les plus beaux parmi ceux des races royales, dont l’un, qui remontait jusqu’à Clovis et à Charlemagne, avait à lui seul fourni tout récemment encore quatre empereurs, lesquels avaient sagement gouverné l’empire durant l’espace de cent quinze ans et le royaume de Sicile durant soixante-seize. Voici comment M. d’Egly, dans son Histoire des rois des Deux-Siciles de la maison de France, rend compte de la part que prit Erard de Valéry à la bataille de Tagliacozzo, dont le résultat, qui pouvait être pour Frédéric et Conradin une victoire et la possession d’un trône, n’aboutit pour chacun d’eux qu’à une défaite et à l’échafaud. « Charles, dit l’historien, plus faible des deux tiers, n’avait guère que 10, 000 combattants, et, dans cette inégalité, il eut besoin de toute l’habileté d’Erard de Valéry, que le hasard lui amena bien à propos. C’était un chevalier français que sa bravoure et son expérience avaient rendu célèbre dans les