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NOTES

ce qu’il y en avoit avoec li huit, touz bons chevaliers, qui avoient eu pris d’armes desà mer et delà, et tiex chevaliers soloit l’en apeler bons chevaliers. Le non de ceulx qui estoient chevaliers entour le Roy sont tiex : monseigneur Geffroy de Sargines, monseigneur Mahi de Marley (Mathieu de Marli), monseigneur Phelippe de Nantuel, monseigneur Ymbert de Beaujeu, connestable de France, qui n’estoit pas là, etc. »

Il ressort donc clairement des paroles de Joinville que Geoffroy de Sergines s’était distingué avant l’expédition de Terre-Sainte. Mais où ? Était-ce à Taillebourg ? était-ce dans les luttes déplorables qui eurent lieu lors de la régence entre les seigneurs et la reine Blanche ? Rien ne vient nous donner quelque lumière à ce sujet. Joinville du reste, comme Rutebeuf, ne parle jamais de Geoffroy qu’avec éloge, et accole toujours à son nom de flatteuses épithètes. Ainsi, par exemple, lorsqu’il le désigne comme un de ceux qui assistèrent au conseil tenu après que le roi eut ordonné le départ de ses frères, il le nomme monseigneur Geffroy de Sergines, le bon chevalier et le preudomme ; plus loin il répète encore le premier de ces termes lorsqu’il raconte que, les Sarrasins voulant qu’on leur donnât la personne méme du roi comme sûreté de la ville de Damiette qu’on devait leur rendre en échange de Jérusalem, Geoffroy de Sergines s’écria que il aimeroit miex que tles Sarrazins les eussent touz mors et pris, que ce que il leur féust reprouvé (reproché) que il eussent lessié le Roy en gage.

Mais ce qui marque mieux que tout ce que je pourrais dire la valeur de Geoffroy de Sergines, c’est le fait suivant, que Joinville tenait de la bouche même du roi, et qu’il raconte avec un charme particulier : « Or vous dirai, dit le chroniqueur, comment le Roy fut pris, ainsi comme il méismes le me conta : il me dit que il avoit lessié la séue bataille, et s’estoit mis entre li et monseigneur Geffroy de Sergines (c’est-à-dire lui et Geoffroy) en la bataille monseigneur Gautier de Chasteillon, qui fesoit l’arrière-garde ; et me conta le Roy que il estoit monté sur un petit roncin, une houce de soye vestue, et dit que darière li ne demoura de