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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

touz chevaliers ne de tout serjanz, que monseigneur Geffroy de Sergines, lequel emmena le Roy jusques à Quazel, là où le Roy fut pris, en tel manière que le Roy me conta que monseigneur Geffroy de Sergines le deffendit des Sarrazins ausi comme le bon valet deffent le hanap de son seigneur des mouches ; car toutes les foiz que les Sarrazins approchoient il prenoit son espée que il avoit mis entre li et l’arçon de sa selle, et le mettoit desous s’essèle, et leur recouroit sus et les chassoit en sus le Roy. Et ensi mena le Roy jusques à Kasel et le descendirent en une meson, et le couchièrent ou giron d’une bourjoise de Paris aussi comme tout mort, et cuidoient que il ne deust jà veoir le soir. »

Nous retrouvons encore Geoffroy de Sergines à plusieurs reprises dans le récit de Joinville. Ainsi ce fut lui qui alla au beau soleil levant faire rendre, selon les conventions, Damiette aus amiraus du soudanc. Nous le voyons également, lors de la délivrance du roi, mettre en même temps que ce prince le pied sur le bâtiment génois qui le recueillit, et plus tard, à l’attaque de Bélinas, se porter avec Louis IX entre la ville et le château.

Là s’arrête ce que Joinville nous apprend sur Geoffroy de Sergines. Il est fâcheux que le bon sénéchal ait fait en quelque sorte de sa chronique une chose toute personnelle, et ne soit pas entré dans des détails plus étendus, non-seulement sur Geoffroy, mais encore sur les actions des autres bons chevaliers.

Heureusement les Annales de saint Louis par Guillaume de Nangis et les continuateurs de Guillaume de Tyr nous apprennent encore plusieurs circonstances. Voici d’abord ce que disent les premières, page 225, édition du Louvre : « Ou temps que li bon Roys demouroit à Sayète, vindrent messages et lettres au Roy, qui disoient que puisque sa très chière mère la royne Blanche fu morte et trespassés de cest siècle, grant péril apparut et povoit apparoir au royaume de France par devers Engleterre et devers Alemaigne, se il ne retournoit en France prochainement. Quant li Roys entendi ce, si prit conseil à ses barons et aus prélas qui estoient avoecques lui, si que il s’acordèrent et