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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Et qui fist ciel et terre et la mer ensement,
Li cors deserve à l’âme si vrai définement
L’âme ne soit dampnée au jor du jugement.


Explicit la Chante-Pleure.


Séparateur


NOTE N.

(Voyez page 98, note 2.)


Et Coramin et Chenillier, etc.

Le premier de ces noms désigne les Karismins, ou Karismiens, peuples originaires des contrées situées vers l’embouchure de l’Oxus, près des bords de la mer Caspienne. Chassés de leur pays par Gengiskan, les Karismins errèrent longtemps dans les provinces de l’Asie, et envahirent, sous la conduite du fameux Gelad-Eddin-Mankberni, le nord de la Perse, la Géorgie, l’Arménie, la Mésopotamie, en se faisant remarquer par leur férocité et leurs brigandages. Après la mort de Gelad-Eddin, les débris des Karismins se mirent au service des princes musulmans. Une partie s’était attachée à la personne du sultan, alors gouverneur d’Edesse et de Haran dans la Mésopotamie. Quand ce prince fut devenu maître de l’Égypte, il abandonna à ces barbares Haran et Edesse, d’où ils répandirent la terreur dans les contrées voisines. Le sultan, se voyant menacé par toutes les forces de la Syrie, n’hésita pas à les appeler auprès de lui.

Suivant Gémal-Eddin, les Karismins passèrent l’Euphrate au nombre de plus de dix mille cavaliers, ayant à leur tête Hossam-Eddin-Barte-Khan, Khan-Bardi, Sarou-Khan et Keschlou-Khan. Partout leur passage était signalé par le pillage et l’incendie : à leur approche les peuples prirent la fuite. Telle était la terreur qu’ils inspiraient qu’au seul bruit de leur marche les troupes de Damas, campées à Gaza, se débandèrent ; le prince de Carac se