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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

Plentés n’i a point de saveur.

Mult est religions rebource,
Qui cors d’omme palist et bource :
Jà acorder ne m’i pourroie ;
Mais se relégions iert source
Où je peuéusse avoir grant d’ource
De quanques je deviseroie,
Vins et viandes et monnoie
Et tex solas que je vourroie,
Dont toute joie naist de fource ;
Se de Dieu le congié avoie,
Einsi l’âme li renderoie.
Bons marchiez trait argent de bource.

Savez que pence li hons riches :
« J’ai, fait-il, portes couleïches,
Avoir et deniers amassés ;
Joaus d’or, aniaus et affiches,
Et a surfin dedans mes liches
Dont manans suis et azassés,
Et si n’ai pas .xxx. ans passés ;
Si porrai vivre encore assés,
Et si ne suis ne folz ne niches,
Et si serai tost atornés :
A bien faire tans ai assés,
Car plus viennent jor que sauchiches. »

Li hons pourcoi ne s’aperçoit
Que si fox siècles le deçoit
Où tant a de male aventure ?
Il n’est nus, se la mort véoit
En sa maison ou en son toit,
Qui jà éust dou siècle cure
Où tant a orguel et ordure,
De vilonie et de luxure
Que nus sauver ne s’i porroit.
Mout est foux qui s’i asséure ;
Aaise y a-on qui pou dure,
Car n’est si chaut qui ne refroit.

Explicit la Divisions
D’Ordres et de Religions.