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ET ÉCLAIRCISSEMENTS.

En leur saisine primeraine,
Car les frères y metent paine.
Car ces requièrent humblement
D’estatus au pape Clément,
Jointes mains et à nus genoulz :
« Aussi, saint père, sommes nous,
Que vos clers et vostre gent sommes :
Du col nous ostez ces grans sommes.

« Le vostre non plain est de grâce ;
Clergie supplie que li face.
Et à ces gens que j’ai nommez,
Puis que Gratiens vous nommez,
Faites grâce et miséricorde.
Il se rendent ou col la corde
Tous à vous, mais qu’il puissent vivre.
Pour Dieu, en ce septième livre
Que le pape Clément quint fist,
Se vous véez qu’il soit parfit,
Metez-y aucune atemprance.
Gardez vos clerjons de tréu ;
Mal brouet nous est esméu
Se vostre nom ne nos visite.
Vous, sire, dont qui par eslite
Estes saint Pou et apostole,
Ourdissiez-nous une tel tele
Dont nous puissions estre vestu.
Clers ne prise-l’en .i. festu,
Chascuns les moque et desprise ;
Mais vous, qui l’auctorité prise
Sus tous avez, faite tel chose
Que sainte Église en pais repose :
Au besoing pas ne li failliez,
Ne la trenchiez ne retailliez ;
Car elle est si foible et si tendre
Qu’au jor d’ui ne se puet deffendre
Des grans lous qui entor li courent,
Que li et tous ses biens dévourent,
Sainte église et trestout le monde ;
Mais tuit pensent qu’en la confonde ;
Ainsi chascuns com fol tondu
Pense à soy qu’il soit confondu,
Et de soy-méisme destruire.
Por ce, sire, veilliez estruire